Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, le XXVIIIe de ce moys fut ouy au conseil du
2roy, le matin, le sieur de Cavagnes sur les plainctes que
3ceulx de la religion pretendue font contre vous et contre la
4cour de parlement, lesquelz ont desparty leurs accusations
5de sorte que la noblesse a faict son cayer expres contre vous,
6présenté par Cugy et Le Cheylar, si tant est qu’il soit de celle
7qualité ; et le tiers le sien, présenté par ung petit advocat
8de Montelimar nommé Franciscin, soubz le nom de tiers
9estat, encor que ayantz banny l’estat ecclesiastiq de leurs
10republiques et semble n’y demeurer que deulx estatz, car
11les ministres sont encor trop petitz compagnons pour y tenir
12rang. Nous vous avons envoyé la copie du cayer de la
13noblesse par Bourgel, de quoy je vous ay encor escrit despuis.
14Monsieur l’amiral seroit au conseil, monsieur le mareschal
15de Cossé, monsieur de Biron et les seigneurs de robbe longue
16du conseil des finances, excepté monsieur de Valence, qui
17n’y entra pas. Lors, leurs majestez et messegneurs
18duc d’Anjou et duc d’Alençon sont en Brie comme vous
19pouvez avoir sceu. (soulignés : On m’a dict que monsieur l’amiral parla
20longuement contre vous, mais je m’en anquerray au vray].
21Lendemain, allant au Louvre, je trouvis monsieur de
22Roissy, qui est du conseil, qui me dict que l’on avoit
23fort parlé le jour précedent des affaires de Daulphiné
24et faict de grandes plainctes contre vous, mais que on
25n’y avoit pas adjousté foy, me demanda si javois veu
26monsieur Bellièvre, d’autant qu’il avoit dict qu’il en
27parleroit avec moy, devers lequel je allis soubdain
28et le trovis venant au conseil. Il me conta les choses
29proposées contre vous contenues audit cayer, de quoy il
30desiroit que vous fussiés par le menu adverty ; qu’il avoit
31[v°] prins la parolle et remonstré que, puisque vous aviés
32cest honneur d’estre detre du conseil du roy et son
33lieutenant general en une province, que l’on vous devoit
34advertir de la plaincte contre vous et vous donner
35temps pour repoulser touttes calomnies. Il me
36dict encor, qu’est hors le cayer, que vous aviés ordonné,
37[mots barrés] comme Cavagnes affermoit, que l’exercice
38de la religion prétendue ne se feroit poinct dans Loriol,
39bien que se fut ville close et que ledit exercice y fut
40du jour de l’edict de paix. Je trouvis après monsieur
41de Saint-Bonet intendant des finances, qui me dict
42le jour précedant au conseil, mais que l’on n’y croit
44pas de leger, et me demanda de mesme si j’avois parlé
45à monsieur Bellievre. Le cayer présenté par Franciscin
46est principalement contre la cour de parlement,
47où il conclud à avoir une chambre pour les causes
48de ceulx de la religion, comme elle a esté accordée
49ses jours passés à ceulx de Languedoc, revoquant
50la cognoissance attribuée par l’edict aux maitres des
51requetes de l’hostel. Si on ne vous envoye de la part
52du roy ledit cayer, je trouverois bon que ne laissisiés
53d’y respondre, ce pendant, j’en ay trace quelque
54response que je vous envoye, laquelle je ajanceray
55mieux et don monsieur d’Hourche et moy nous servirons
56ce pendant.
57Je vous ay escrit du XXVe brefvement de la reception
58de voz lettres du X et XVIIe. Je portis aussitost
59vostre depeche pour le roy du XVIIe au lougis de monsieur de
60Sauve, et pour son absence, le ballis à ung de ses commis
61[fol.105] devers lequel j’ay esté souvent despuis, scavoir si
62le roy l’avoit heue et si on vous avoit faict response.
63Mais il semble me vouloir faire entendre qu’il
64fauldra attandre l’arrivée du roy en ceste ville ;
65scay-je bien que ledit sieur de Sauve n’a veu le roy despuis,
66ains est en une sienne maison près ceste dite ville. Sondit
67commis me dict dimenche XXVIIe que monsieur de
68Joyeuse avoit donné semblable advertissement
69au roy, auquel sa majesté avoit faict response
70et faict entendre sa volonté, comme il feroit
71à vous sans me declairer autre chose. Despuis,
72j’ay cherché Marron, le secrétaire de monsieur de
73Joyeuse, pour scavoir quelle response en avoit heue
74colléré, et enaygri grandement sur ceste novelle,
76avoit mandé audit sieur de Joyeuse de rompre
77touttes assemblées, courir sus et les mettre en pièces.
78Mais, monsieur, vous verrés ce que le roy vous en
79commandera et ne feray faulte, soubdain que sa majesté
80sera de retour, d’en poursuivre response.
81Il est necessaire que vous escriviez à monsieur de Biron,
82grand maistre de l’artillerie, pour attester que les
83consommés] ont esté employés aux affaires de
85la guerre par votre commandement, ou bien que m’en
86envoyés une attestation. J’estime que messieurs de
87La Roche et d’Hourches vous escrivent. Monsieur
88d’Evenes ny monsieur de Laval ne sont encor
89arrivés. Je présente mes très humbles recommandations
90à votre bonne grace, priant Dieu,
91Monsieur, qui vous conserve en très longue et heureuse
92vie. De Paris, ce XXXe jullet 1572.
93Votre très humble serviteur
94S de boczosel